Vivre grâce à un revenu minimum conditionné (tel que le RMI ou le RSA) est un mode de vie assez précaire. Malgré tout, c’est une précarité qu’il est possible de neutraliser, pour ensuite pouvoir organiser ses activités autour d’objectifs autres que la rémunération.

Trouver le temps d’expérimenter

A la fin de mes études, poussé par l’envie de continuer à me construire en groupe, je me suis installé en colocation avec des amis. Tous unis par cette volonté, instinctive au départ, d’organiser nos activités en fonction de nos seules envies, nous avons mutualisé nos besoins matériels et avons ainsi pu dégager quelques euros chacun, et surtout beaucoup de temps.

Le temps de s’extraire du besoin de l’emploi et de sa promesse de rémunération, de réfléchir et d’agir pour soi-même, le temps d’expérimenter, d’apprendre, le temps de faire évoluer des projets sans s’asservir à l’emprunt.

Au début, tous les colocataires étaient encore étudiants ou fraîchement diplômés : graphistes, philosophes, joueurs, musiciens. Nous étions tous en recherche d’activité collective et les concepts de loisir et de métier n’avaient pas lieu d’être ici. Nos motivations étaient alors dé-corrélées de la rentabilité pécuniaire.

Un projet qui grandit dans le respect et dans l’écoute

Après cette période d’ébullition, vint ensuite la volonté d’asseoir certains projets et de les faire grandir. La volonté d’intégrer notre évolution dans celles de nos contemporains, en somme. Nous nous sommes alors orientés vers la création de sociétés, cataloguées dans les domaines de la communication et du divertissement.

Aujourd’hui, évoluant au sein de ces activités institutionnalisées, nous n’avons globalement toujours pas le besoin de mettre en priorité la rémunération. Elle s’inscrit comme un minimum à récupérer pour survivre, et continuer dans des conditions qui satisfassent l’ensemble.

Le reste de notre activité, et il est important, s’amorce pour de multiples raisons, propres à chacun. L’un veut découvrir, l’autre veut expérimenter. Celui-ci ne savait que faire et décide d’accompagner le premier, celui-là reste et construit sur ce qu’il a capitalisé. Chacun peut se payer le luxe de la patience et de l’écoute, chacun peut proposer et chercher à s’imposer. Tous les comportements peuvent s’exprimer sans dépendance et sans hiérarchie pré-établie. Le fond de respect reste et s’impose naturellement.

Du revenu conditionné au revenu de base : vers plus de sérénité

Voilà le gain que notre communauté a pu générer grâce, au départ, à un revenu minimum : une entente cordiale et fertile. Quelque chose qui ressemble à de la fraternité (ou l’idée que je m’en fais).

Si maintenant j’envisage un revenu de base pour moi, pour mes proches, pour toutes les personnes que je suis susceptible de rencontrer, et pour toutes celles qui auront de près ou de loin une influence sur ma vie, j’ai alors sincèrement la possibilité d’envisager la suite avec plus de sérénité.

Et vous, comment voyez-vous le revenu de base dans votre vie ? N’hésitez pas à proposer un article.


Illustration de cohdra sous licence Morguefile