Le département du Nord veut intensifier les contrôles sur les bénéficiaires du RSA. Ou comment faire peser sur les plus démunis les dysfonctionnements de notre système.

Nous apprenons, via un article du Monde, que le conseil départemental du Nord veut « serrer la vis » en contrôlant plus activement les bénéficiaires du RSA. Nous avions déjà dénoncé les idées de bénévolat obligatoire, et nous montons de nouveau au créneau ici. Comme trop souvent, nos élus sont à contre-courant de l’époque actuelle. Et le pire, c’est que leurs actions sont dictées par une unique raison : le budget. C’est une réalité que l’État restreint les sommes qu’il verse aux collectivités locales. C’est également vrai que le nombre des demandeurs des minima sociaux (et donc le budget qui doit y être consacré) augmente. On peut même se poser la question de savoir s’il était bien pertinent de transférer cette compétence (la gestion des aides sociales) aux départements. On peut même aller plus loin en s’interrogeant sur l’utilité de conserver cet échelon, hérité de l’Empire. Mais ces questions sont finalement parfaitement accessoires face à la réalité quotidienne. Nous devons faire évoluer notre modèle social, et cet exemple « nordique » illustre parfaitement cela.

Dans cette histoire, on a l’impression que les bénéficiaires du RSA sont des personnes qui « se la coulent douce », que le RSA est largement suffisant pour vivre confortablement sans travailler. Mais c’est faux. Le RSA est une allocation minimale, donnée par solidarité (le fameux « pacte social »). Alors conditionner son versement à la recherche d’un emploi, dans un marché où il se fait très rare, est presque immoral. Tout le monde veut travailler, à la fois pour vivre du fruit de son travail mais également pour prendre part à la vie de la société. Mais posons-nous la question : y a‑t-il encore du travail à temps plein pour tout le monde ? Nous ne sommes plus à l’époque où il y avait des quantités importantes d’emplois peu qualifiés. L’automatisation nous a simplifié la vie, mais change le monde de manière irrémédiable. Et cela peut être une chose formidable, si nous en tenons compte et acceptons de réfléchir avec des indicateurs différents.

Mais pour le moment, nos élus ne pensent qu’à sanctionner. « Le niveau 1, c’est une réduction de 100 euros du montant du RSA, le niveau 2 une suspension de quatre mois, et le niveau 3 une radiation », déclare Olivier Henno, vice-président (UDI) en charge de l’insertion. Donc la proposition pour aider les personnes en difficulté, c’est de les mettre encore plus en difficulté ? C’est stupide et dangereux. Ce n’est pas aux petites gens de payer pour l’incapacité des dirigeants à prévoir l’évolution de la société. Remarquons que de nombreuses personnes ayant droit aux minima sociaux ne les demandent pas. Et par ailleurs, quid des personnes ayant des difficultés avec l’écrit, les relances se faisant essentiellement par courrier ?

Au lieu de passer du temps à courir après les potentiels fraudeurs, faisons confiance, et automatisons le versement de cette allocation. Et envisageons d’aller plus loin, en mettant rapidement en place un revenu de base national, qui réduira la complexité du système actuel en permettant à chacun de s’épanouir dans un pays où ne régneraient plus la suspicion et l’obsession du contrôle. C’est inefficace et castrateur pour les individus. 

Le MFRB fait de nombreuses propositions pour faire évoluer le système, mais c’est aux citoyens d’en appeler à leurs élus pour mettre dans la loi ces nouvelles règles. Nous comptons donc sur vous pour vous emparer de la question !